La fin d'une ère : la descente de l'Hamburger SV en deuxième division
Même les plus grands clubs portent des taches dans leur riche histoire ; parfois, il ne s'agit que de mauvaises saisons ou d'une défaite mémorable. Mais il existe des cas comme celui de l'Hamburger SV qui, après toute une vie dans l'élite du football allemand, a été relégué en 2018, marquant un tournant dans l'histoire du club et dans le football allemand.
Un peu d'histoire
La date de fondation du club n'est pas entièrement claire, car deux dates peuvent être considérées. La première est 1919, l'année où le club a pris la forme que nous connaissons aujourd'hui, issu de la fusion de trois clubs : le SC Germania, le Hamburger FC et le FC Falke Eppendorf. La seconde est septembre 1887, date de fondation du Germania (dont le nom complet était *Sport-Club Germania Hamburg*), le plus ancien des trois clubs qui allaient former l'Hamburger SV. Un autre détail important : en 1887, le Germania était un club sportif sans section football, celle-ci n'ayant été introduite qu'en 1891, lorsque - comme dans de nombreuses régions du monde - des immigrants anglais ont apporté ce sport à Hambourg.Depuis la fusion des trois clubs, l'Hamburger SV était resté en première division allemande (malgré les différentes réformes de la ligue) et en était devenu l'un des principaux prétendants. Ils ont été champions d'Allemagne pour la première fois en 1923, à peine quatre ans après la fusion. Leur plus mauvais classement avait été une onzième place lors de l'Oberliga Nord 1953-54, mais le club restait très dominant au niveau régional et très compétitif au niveau national.
La période la plus glorieuse du club fut sans doute la fin des années 1970 et le début des années 1980 : trois titres de Bundesliga (plus trois places de finaliste) et leurs premiers trophées internationaux.
Le premier fut la Coupe des vainqueurs de coupe 1976-77, remportée 2-0 face à Anderlecht en finale à Amsterdam. En 1980, ils atteignirent la finale de la Coupe d'Europe mais furent battus par le Nottingham Forest de Brian Clough, sur un unique but de John Robertson. Comme souvent dans la vie et dans le football, une revanche finit par arriver : en 1983, sous la direction du légendaire Ernst Happel, et grâce à un but décisif de Felix Magath, ils battirent la Juventus de Platini, Zoff, Rossi et Boniek, 1-0.
De la fin des années 1990 au milieu des années 2010, le club entra dans une longue période d'inconstance : saisons irrégulières, classements en milieu de tableau, parfois proches de l'Europe, jamais vraiment menacés de relégation, mais loin de jouer le titre.
Quand le temps s'est arrêté
Entre 2014 et 2017, l'Hamburger SV flirtait régulièrement avec la relégation, disputant même les barrages à deux reprises - un avertissement clair de ce qui pouvait arriver sans un changement radical. L'équipe avait pris l'habitude de se sauver dans les dernières semaines de championnat, échappant de peu à la relégation, parfois de manière dramatique.Lors de la saison 2017-18, Markus Gisdol fut maintenu en poste après avoir sauvé le club l'année précédente. Le début fut prometteur, avec deux victoires contre Cologne et Augsbourg, mais la dynamique chuta presque immédiatement : un seul point lors des huit matchs suivants, faisant plonger l'équipe en zone de relégation.
De la 6e journée jusqu'à la fin de la saison, leur meilleur classement fut la 15e place - la dernière permettant d'éviter la relégation directe.
À la fin janvier 2018, Gisdol fut limogé et remplacé par Bernd Hollerbach, qui n'avait pas eu une carrière particulièrement brillante comme entraîneur, mais qui avait joué huit saisons comme footballeur à l'Hamburger SV. L'idée était de faire venir quelqu'un qui connaissait le club, qui s'y identifiait et qui, en tant que joueur, avait été associé à l'engagement et au sacrifice.
Le nouvel entraîneur sembla produire un léger effet positif : ses deux premiers matchs se soldèrent par deux nuls contre le RB Leipzig et Hanovre, après une série de quatre défaites consécutives.
Cependant, le calendrier ne lui fut pas favorable : les trois matchs suivants furent contre le Borussia Dortmund, le Bayer Leverkusen et le Werder Brême - trois défaites.
Puis vint un 0-0 contre Mayence, avant un déplacement à l'Allianz Arena pour affronter le Bayern Munich. Le match se termina par une lourde défaite 6-0 : triplé de Lewandowski, doublé de Franck Ribéry et un but d'Arjen Robben. Deux jours après cette humiliation, Hollerbach fut renvoyé et Christian Titz, entraîneur de l'équipe réserve, fut promu à sa place.
Sous Titz, comme lors de saisons précédentes, la performance de l'équipe s'améliora nettement : en huit matchs de Bundesliga, ils enregistrèrent quatre victoires, un nul et trois défaites.
Le Volksparkstadion, stade de l'Hamburg SV
Les résultats des autres matchs ne les aidèrent pas : la 17e place fut confirmée, synonyme de relégation directe en deuxième division pour la première fois depuis 1919.
Au Volksparkstadion se trouvait une horloge comptant le temps passé par le club en Bundesliga (depuis la création de cette dénomination). Ce jour-là, l'horloge s'arrêta : 54 ans, 261 jours, 36 minutes et 2 secondes - la durée exacte de leur présence ininterrompue dans l'élite allemande.
Le club avait participé à chacune des 55 saisons de Bundesliga, une immense source de fierté pour ses supporters.
La saison suivante vit de nombreux départs et tout autant d'arrivées, avec l'objectif clair de remonter immédiatement. Pourtant, ils terminèrent quatrièmes - à une place du barrage de promotion. Ce fut d'ailleurs leur classement lors de chacune de leurs trois premières saisons en 2. Bundesliga.
Les deux saisons suivantes, ils terminèrent troisièmes et accédèrent aux barrages, mais alors que ceux-ci les avaient parfois sauvés dans l'élite, cette fois le destin en décida autrement : deux tentatives, deux échecs.
Ce ne fut qu'au cours de la saison 2024-25, sous la direction de Merlin Polzin, qu'ils réussirent enfin à assurer le retour tant attendu en Bundesliga, terminant deuxièmes de la deuxième division.